Lorsque vous arrêtez régulièrement de consommer du cannabis, des symptômes apparaissent souvent qui montrent que vous êtes accro…
Un meilleur sommeil, plus de tonus, de concentration, de mémoire, de performance, tels sont les avantages d’arrêter la consommation régulière de cannabis. Mais, avant de profiter de ce regain de vitalité, il faut passer par la phase de sevrage, une période qui n’est pas très agréable mais généralement de courte durée.
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En fait, arrêter de consommer du cannabis provoque souvent un syndrome de sevrage, signe d’addiction au produit. Plusieurs équipes de recherche ont analysé précisément ce syndrome en observant attentivement, pendant des périodes allant jusqu’à un mois et demi, les sujets qui ont volontairement ou n’ont pas arrêté de consommer du cannabis. L’absence de consommation, rapportée par les sujets étudiés, a été contrôlée par des tests qui ont mesuré la concentration de THC, une molécule psychoactive contenue dans le cannabis, dans l’urine. La compilation des études réalisées au cours des 20 dernières années a permis d’identifier les symptômes typiques du sevrage du cannabis, à savoir :
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- irritabilité
- nervosité, anxiété
- sommeil perturbé
- perte d’appétit ou perte de poids
humeur dépressive
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- l’un des signes physiques suivants : douleur abdominale, tremblements, transpiration, fièvre, frissons, maux de tête
Selon le DSM, répertoire des pathologies et troubles psychiatriques liés à l’utilisation de substances psychoactives, le syndrome de sevrage est démontré s’il existe au moins 3 de ces signes, qui surviennent au cours de la première semaine après l’arrêt brutal du cannabis.
Des études récentes montrent que 35 à 75 % des personnes qui ont besoin de soins pour arrêter de consommer (hors hospitalisation) développent un syndrome de sevrage. L’intensité varie considérablement d’un sujet à l’autre. Cela dépend principalement de la quantité et de la durée de la consommation de cannabis, de la gravité de la dépendance, du contexte de l’arrêt, qu’il soit volontaire ou non, de l’existence d’un soutien environnemental et/ou d’un soutien médico-psychologique. L’arrêt de la consommation de cannabis synthétique (épice) peut également être à l’origine du syndrome de sevrage, généralement plus grave que celui qui suit l’arrêt du THC, car les cannabinoïdes synthétiques se lient plus fortement aux récepteurs CB1 que le THC (voir article Ces produits qui imitent le cannabis : synthèse).
Plan de l'article
LE RÔLE DU THC DANS LES RÉCEPTEURS CB1
La consommation régulière de cannabis est associée à une diminution de la densité des récepteurs CB1 (pour en savoir plus sur les récepteurs CB1 aux endocannabinoïdes (voir l’article When Cannabis Research Advances in Neuroscience), révélateurs de l’émergence d’une tolérance ou d’une dépendance, un moyen pour le cerveau de se protéger des effets perturbateurs de substances. Des recherches menées auprès de consommateurs réguliers de cannabis ont montré que la densité des récepteurs CB1 diminue avec la durée d’utilisation. Et plus la densité est faible, plus le syndrome de sevrage sera intense.
Après l’arrêt de la consommation, la densité des récepteurs augmente rapidement au cours des deux premiers jours. Les récepteurs reviennent à un fonctionnement normal après environ 4 semaines. Cependant, les modifications de la plasticité cellulaire et synaptique dues à la consommation chronique de cannabis à long terme peuvent persister plus longtemps et contribuer, par exemple, à l’apparition d’épisodes de fringales. Le rôle du THC dans l’émergence de Le syndrome de sevrage du cannabis est démontré par les observations suivantes :
- les symptômes surviennent lorsqu’il y a une diminution du THC dans le sang ;
- l’apparition de symptômes de sevrage suite à l’arrêt du THC ou d’un analogue agoniste tel que le canabinol qui se lie au récepteur CB1. Un analogue agoniste est une molécule dont la structure chimique est proche de celle de la substance de référence (en l’occurrence les endocannabinoïdes) et produit des effets identiques ;
- soulager les symptômes en administrant du THC ou un analogue ;
- l’apparition d’un syndrome de sevrage après l’arrêt de la consommation de cannabis synthétique.
LA THÉRAPIE
Le traitement du sevrage du cannabis se fait généralement par le biais de consultations dans des centres spécialisés de traitement des dépendances (CSAPA). En cas de dépendance grave, de difficultés psychosociales, de pathologie psychiatrique associée, le l’hospitalisation est indiquée. Cela dure généralement 2 à 3 semaines. La base du traitement est principalement le soutien psychothérapeutique, l’éducation thérapeutique visant à contrôler le manque, le désir et la possibilité de refuser les incitations à fumer. La dimension médicale et psychiatrique consiste à évaluer les éventuelles pathologies associées et leur traitement. À ce jour, aucun médicament commercialisé n’a été efficace pour réduire le syndrome de sevrage du cannabis, bien que de nombreux produits aient été testés dans le cadre d’essais cliniques. Parmi ceux-ci, le lithium, les antidépresseurs, les anticonvulsivants, les antipsychotiques, les anxiolytiques, les relaxants musculaires.
PISTES DE DROGUE
Comme les agonistes du récepteur CB1 modulent l’intensité du sevrage, les voies de recherche actuelles sont orientées vers leur utilisation thérapeutique. Cependant, le dronabinol (Marinol Ⓡ), qui est un THC synthétique, n’a pas été efficace et un essai récent sur le nabiximol (Sativex Ⓡ) n’a pas montré de réduction du syndrome de sevrage ou du désir. Seule une tendance simple à la baisse de la consommation a été observée chez les sujets traités. Les chercheurs se sont ensuite tournés vers les endocannabinoïdes naturels présents dans le cerveau et, plus précisément, l’anandamide. Cette molécule, agoniste de faible intensité du récepteur CB1, est décomposée par une enzyme appelée FAAH (enzyme hydrolase des acides gras). L’idée était alors d’augmenter la concentration d’anandamide dans le cerveau en réduisant sa dégradation par une molécule bloquant l’activité de la FAAH. Les travaux effectués sur des animaux ayant montré l’efficacité de cette molécule dans le retrait du cannabis, un essai clinique chez l’homme a été mené. Soixante-dix sujets âgés en moyenne de 28 ans ont été inclus. Ils étaient dépendants au cannabis selon les critères du DSM, fumaient du cannabis depuis au moins 2 ans, avaient a fumé au moins 30 articulations au cours du mois précédant l’étude et ne dépendait pas d’autres substances psychoactives. Leur consommation moyenne de cannabis au moment de l’étude était de 4 articulations par jour. 46 ont reçu le traitement et 24 ont reçu un placebo pendant 4 semaines.
La gravité du syndrome de sevrage a été évaluée à l’aide d’un questionnaire validé contenant 15 signes, dont les 6 listés ci-dessus. La gravité de chaque signe est notée de 0 (nul) à 3 (sévère). Le score global est obtenu en additionnant les valeurs de chaque signe, soit un maximum de 45 points. Toutefois, à ce jour, aucune échelle ne définit un score faible, modéré ou sévère.
Les résultats ont montré que le score de sevrage les premier et deuxième jours d’interruption était plus faible dans le groupe traité (6 points) que dans le groupe placebo (11 points), mais cette différence n’était plus présente les jours suivants. À la fin de l’étude, les sujets traités ont déclaré fumer moins de cannabis (moyenne 0,4 articulation/jour) que ceux ayant reçu le placebo (moyenne 1,2 articulation/jour), cette différence étant corroborée par des tests d’urine. Ces résultats ouvrent une voie intéressante pour l’aide médicinale à l’arrêt du cannabis qui devra être confirmée par des essais plus longs, avec une efficacité modérée par rapport au placebo.
Au total, le sevrage du cannabis provoque des symptômes qui peuvent être désagréables, mais généralement de courte durée et d’intensité modérée.
Le soutien psychologique et éducatif permet souvent d’arrêter de fumer sans difficultés majeures chez des sujets motivés présentant une légère dépendance.